Comme des astres lointains depuis longtemps disparus mais dont on continue de capter l'éclat dans l'½il des télescopes, les bêtes de Chauvet continuent de courir et de se bousculer sur les parois de la grotte, à la poursuite d'un monde perdu. Lions des cavernes, rhinocéros laineux, mammouths au long pelage, ours des cavernes, mégacéros, aucun de ces sublimes animaux n'a survécu à la fin de la dernière glaciation. Équipés pour le froid, ces princes des steppes et des savanes, ces souverains emmitouflés dans leurs fourrures, s'en furent il y a dix mille ans finir leur vie vers les plaines glacées de la Sibérie. À Chauvet, ils nous adressent une dernière révérence sous les regards éblouis de ceux qui furent leurs sujets, mais qui, par un de ces desseins secrets de la nature, étaient déjà destinés à leur survivre.