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Jimmy Corrigan est le garçon le plus intelligent de la Terre, c'est Superman qui le lui a dit. Mais quand Superman se suicide, tout s'accélère pour lui. Un comics semi-autobiographique entre réalité et rêves angoissés. Guardian first book award 2000. Prix Alph-art du meilleur album et Prix de la critique 2003 (Festival international de la bande dessinée d'Angoulême).

Version française de ce chef-d'oeuvre de jeunesse de l'Américain Chris Ware.

L'Acme Novelty Company propose aux consommateurs des produits, tous aussi futiles et improbables les uns que les autres. Parmi lesquels les livres de la bibliothèque Acme Novelty qui narrent les aventures de divers personnages récurrents tels Rusty Brown, collectionneur acharné, névrosé et frustré.

L'ouvrage, en premier lieu, surprend. Il met presque mal à l'aise. Building Stories, de Chris Ware, sorti d'abord aux Etats-Unis , n'est pas une bande dessinée ordinaire. C'est une boîte lourde et volumineuse. A l'intérieur, quand on ose enfin l'ouvrir, se cachent 14 albums. Tous de formes différentes, ce sont des livres, des journaux, des posters, des panneaux. Au lecteur, ensuite, de se débrouiller, de lire dans le sens qu'il veut l'intégralité des 260 pages ou de seulement picorer. L'ouvrage est un château Lego à concevoir sans plan, une expérience graphique presque physique. Building Stories est un jeu de mots, en anglais, entre le lieu où se déroulent la plupart des histoires, un immeuble de quelques étages de Chicago et le fait de devoir construire soi-même la narration.

Comme à chaque fois chez Chris Ware, l'ouvrage impose un rapport charnel avec son lecteur. Le volume est lourd, encombrant et gigogne, renfermant en son sein de mini-livres (récits textuels, BD ou partition). L'exercice de la monographie était forcément périlleux pour un auteur dont l'oeuvre est déjà parcourue par les questions du rapport à la mémoire et de la recomposition des souvenirs. Le monomaniaque Ware s'en dépêtre en ouvrant ses albums de famille, en exposant sculptures, flip-books, "cubes à dessin" et autres ovnis paratextuels. On flashe notamment sur les maquettes qui ont servi à préparer les espaces de Building Stories... Dans ce labyrinthe de coulisses, on retrouve les traces de la cuisine de sa grand-mère dans une planche de jeunesse, ou la coiffure de Jimmy Corrigan dans celle de son grand-père.